Pourquoi une pratique de yoga adaptée pour les femmes ?

3 spécificités du corps féminin à considérer dans une pratique énergétique

J’ai souvent entendu dire « un corps est un corps, au-delà du sexe et de l’assignation de genre », et c'est un point de vue que je partage. Mais dans cette perspective, pourquoi serait-il pertinent de développer une pratique de yoga spécifique pour les femmes ?

C’est une question qui mérite d’être posée et explorée en profondeur si l’on veut comprendre avec plus de finesse les mécanismes de domination patriarcale et les voies d’empuissancement.

Dans cet article, je n’entre pas dans la discussion complexe (et nécessaire) autour de la déconstruction du genre : je tâcherai de l’aborder dans un prochain article sur l’inclusivité dans la pratique de tantra yoga.

Par « femme », j’entends une personne née avec un utérus et/ou qui se reconnaît comme femme. Mais cela va au-delà de la biologie pour embrasser une réalité sociale, politique, matérielle, physiologique et énergétique.

Alors c’est parti !

Pour commencer, faisons un petit tour du côté de l’histoire du yoga, pour comprendre pourquoi les pratiques actuelles, bien qu’adressées à un public majoritairement féminin, restent héritées d’une perspective masculine.

La patriarcalisation du yoga

L’histoire du yoga est immensément riche, vaste et complexe. Certain·e·s chercheur·ses datent l’apparition de cette pratique autour de 4000 ans avant notre ère. Un point sur lequel les historien·ne·s s’accordent, c’est que les racines du yoga sont littéralement féminines. Les femmes seraient les inspiratrices, les créatrices et initiatrices de cette technologie psycho-physico-énergétique visant l’expansion de la conscience, au service de l’humanité.

Elles auraient occupé une place centrale dans le développement de la pratique jusqu’à ce que le yoga connaisse un long processus de transformation avec l’arrivée du patriarcat (à partir de 2000 av JC). Les techniques ont alors été adaptées à des corps masculins et les femmes progressivement substituées jusqu’à être littéralement exclues de la pratique.

Ce qui est important à observer, c’est que les textes classiques qui constituent le fondement de la pratique de Hatha Yoga, c'est à dire la base du yoga que l’on connait actuellement - le Hatha Yoga Pradipika, le Siva Samhita et le Gheranda Samhita - ont été écrits à l'époque médiévale (entre le 16ème et 18ème siècle), une période déjà fortement marquée par la prédominance masculine dans la pratique yogique.

Donc si aujourd’hui, les femmes ont pleinement réinvesti la sphère du yoga (et représentent d’ailleurs plus de 80% des pratiquant.e.s dans le monde), les pratiques de yoga auxquelles nous avons accès ne considèrent pas les spécificités du corps féminin.

Le système énergétique féminin

Mais que serait finalement une pratique féminine ? De quelles spécificités parle t-on ?

Pour bien comprendre, il faut avoir à l’esprit que le système énergétique d’un corps féminin est très différent de celui d’un corps masculin. Voici 3 aspects importants à considérer

1) la capacité énergétique

En tant que personne née avec un utérus, notre corps et tout notre système est préparé à créer, porter, soutenir, faire grandir, enfanter et nourrir un autre être humain. C’est un processus qui requiert une quantité d’énergie phénoménale.

Cette possibilité, au niveau biologique, de créer et de supporter deux (voire plus) organismes (le notre et celui de l’enfant à naître), nous dote d’une capacité structurelle énergétique plus importante que celle d’un homme.

L’ensemble de notre système énergétique permet donc de mobiliser et de faire circuler une grande quantité d’énergie, et de manière beaucoup plus rapide, que dans un corps masculin.

2) les circuits d’énergie

Il existe de multiples manières de faire circuler l’énergie dans le corps, chaque circuit ayant sa fonction spécifique.

Le corps féminin, par la présence de l’utérus et de l’ensemble du système reproducteur, a une via spécifique dont la propension à faire circuler l’énergie de manière ascendante est beaucoup plus importante que dans un corps masculin.

3) la cyclicité

Eh oui, je ne t’apprends sûrement rien ici : notre énergie n’est pas linéaire, elle est cyclique ! 

Nous avons un cycle hormonal qui influence directement notre énergie et rythme notre organisme. Chaque mois, notre corps s’organise au niveau physiologique et énergétique pour récréer les conditions de la fertilité. C’est une expérience structurante du corps féminin.

Notre cycle menstruel est notre énergie basique, fondamentale, à partir de laquelle nous pouvons développer nos pratiques énergétiques.

On pourrait aussi parler d’autres processus qu’il est possible d’expérimenter dans un corps féminin et qui sont des moments de grandes transformations de notre physiologie, de notre psyché et de notre énergie : les ménarches, la péri-ménopause et la ménopause, la grossesse, l’enfantement, le post-natal, l’allaitement… chacune de ces expériences nous plonge dans une réalité émotionnelle, psychique, énergétique, matérielle et sociale bien particulière qu’il est important de prendre en compte dans une pratique telle que le yoga.

Ces spécificités du corps féminin impliquent donc de mobiliser et de travailler l’énergie de manière spécifique, d’abord pour respecter les besoins du corps, le mouvement de l’énergie (on aura une pratique très différente pendant les menstruations que celle lors de l’ovulation par exemple) mais aussi pour potentialiser, mettre à profit ces états de conscience expansés auxquels on peut accéder à travers des processus physiologiques.

Déployer les potentiels de son corps

Alors, est-ce que je vais quand même tirer des bénéfices d’une pratique de yoga qui n’est pas spécifiquement adaptée à mon corps de femme ?

Bien sûr, tu vas pouvoir percevoir les bienfaits de la pratique en elle-même : davantage de présence, une sensation de détente, une circulation d’énergie dans le corps, etc.

Mais à terme, cette inadéquation plus ou moins importante de la pratique à ta singularité peut induire des stimulations contraires aux besoins de ton organisme et développer des tensions ou déséquilibres qui peuvent se manifester au niveau hormonal ou gynécologique (hyper-oestrogénie, douleurs menstruelles, congestions pelviennes etc.).

Au-delà de ces déséquilibres possibles, une pratique inadaptée à ta réalité physique, psychique, énergétique limite ton expérience et ne te permet pas de déployer pleinement les potentiels de ton propre corps.

Au contraire, une pratique consciente et adaptée à ta cyclicité et ton énergie contribue à nourrir et soutenir ton organisme, déployer la puissance de ton expérience féminine en te permettant d'exprimer ton énergie propre dans le monde.

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